samedi 11 avril 2015

13. Paulette Nardal

Paulette Nardal naît, en 1896, trois ans après Louise à des milliers de kilomètres de l’Hexagone, en Martinique, là où est née près d’un demi-siècle plutôt Sophie Lumina. Issue d’une famille modeste mais cultivée, aînée de sept sœurs, Paulette devenue institutrice, part pour la métropole à vingt-quatre ans, où elle souhaite étudier l’anglais à la Sorbonne ce qui n’exclu pas une fréquentation assidue du bal nègre. Licenciée d’anglais, elle se fait journaliste, approchant les écrivains du Harlem Renaissance et tenant salon avec deux de ses sœurs, dans son appartement de Clamart, où les réunions bilingues se multiplient afin de créer des liens entre écrivains noirs de tous horizons. Paulette, sa sœur Andrée et le haïtien Leo Sajous fondent La Revue du Monde Noir. Revue bilingue et tribune noire à laquelle contribuent Claude McKay, Langston Hughes et Léopold Sedar Senghor, tout comme l’ethnologue allemand Leo Frobenius. La jeune femme fonde un mouvement précurseur de la Négritude. La devise de la revue est : Pour la paix, le travail et la justice, par la liberté, l’égalité et la fraternité. En 1932, après six numéros, l’aventure s’achève. Mais le mouvement est lancé. Césaire et Senghor ont repris les idées que nous avons brandies et les ont exprimées avec beaucoup plus d'étincelle. Nous n'étions que des femmes. Nous avons balisé les pistes pour les hommes. 
Paulette part au Sénégal en 1937, à quarante-et-un ans, sur l’invitation de Senghor. Après avoir tenté de mobiliser contre l’invasion de l’Ethiopie, membre de la SDN, par Mussolini, elle est victime, en 1939, d’un naufrage dû au torpillage de son navire par un sous-marin allemand au large de l’Angleterre qui la laisse handicapée. Elle retourne en Martinique, où nombre de jeunes rejoignent la Résistance en passant par les îles anglophones. Paulette leur donne clandestinement des cours d’anglais afin qu’ils puissent être opérationnels dès leur arrivée. A la Libération, elle sensibilise les femmes martiniquaises à la politique en créant le Rassemblement Féminin, incitant les femmes de tous milieux à se servir du droit de vote, ainsi que la revue La femme dans la cité. Elle a quarante-neuf ans lorsqu’elle glisse pour la première fois un bulletin de vote dans une urne. La création de crèches et l’aide aux filles-mères sont ses priorités dans les décennies suivantes. L’année du centenaire de l’abolition de l’esclavage et de la naissance de Surprise, Paulette inventorie la tradition musicale des campagnes martiniquaises, le Bèlè et le Ladjia disparaissant face à la concurrence du jazz. Le 16 février 1985, à l’âge de quatre-vingt-neuf ans, Paulette s’éteint.


Paulette Nardal 1896-1985


Confavreux Joseph, Paulette Nardal, in collection Nos Histoires, documentaire, Point du jour, 2009




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