lundi 6 avril 2015

2. Flora Tristan

Flora Tristan y Moscovola Paria, naît à Paris, au printemps en 1803, dix ans après la Terreur et l’exécution d’Olympe de Gouges, le Consulat vit sa dernière année. Fille d’un noble péruvien, colonel des dragons du roi d’Espagne et d’Anne-Pierre Laisnay, issue de la petite bourgeoisie parisienne, de vingt ans sa cadette, émigrée en Espagne pendant la Révolution, Flora ne peut prouver qu’elle est une enfant légitime et joue elle-même de cette ambiguïté, laissant entendre qu’elle pourrait être la fille de Simon Bolivar ou tout du moins une descendante de Moctezuma II. La question de son ascendance est un thème récurrent de son œuvre autobiographique. Du vivant de son père, la famille vit aisément, mais Flora est orpheline à quatre ans. Son éducation est limitée aux rudiments de lecture, écriture et calculs, quand l’oncle qui, plus tard, la renie, lui paie des leçons de dessins dans l'atelier d'André Chazal, peintre graveur, qu’elle épouse à dix-sept ans. Installée, Flora découvre Rousseau, Lamartine et Madame de Staël. Cette naissance intellectuelle s’accompagne de la venue au monde de deux fils. Enceinte pour la troisième fois en quatre ans, à vingt-et-un ans, battue et ne pouvant divorcer, la jeune femme fuit, parcourt l’Europe, laissant Aline, son dernier enfant, à une connaissance, et s’embarque vers le Pérou, sous son nom de jeune fille car une femme mariée ne peut se déplacer sans son époux ou son accord écrit. Parvenue à bon port, elle ne reçoit que le cinquième de son héritage, celui attribué aux enfants bâtards, acquérant son indépendance financière au prix de son honneur. Errante et toujours fugitive, elle promet de se consacrer à la défense des droits des femmes et des victimes de la société.
De son périple péruvien, elle tire un livre publié à Paris en 1837, Pérégrinations d'une paria, qui lui ouvre, à trente-quatre ans, les cercles littéraires et socialistes, et lui permet de produire une brochure d'inspiration utopique, Nécessité de faire un bon accueil aux femmes étrangères. Militant toujours pour l'indépendance des femmes, le divorce et contre la peine de mort, elle contribue à quelques revues. Quand le jugement de séparation d’avec son époux est enfin prononcé, en 1838, l’outragé tire sur elle, lui perforant un poumon. Le scandale crée une publicité inattendue et son agresseur est condamné à vingt ans de travaux forcés lui assurant une liberté définitive. Partie en Angleterre, elle écrit, en mai 1840, Promenades à Londres, ainsi qu’une brochure, L'union ouvrière, destinée aux travailleurs des ateliers. Déjà très affaiblie en 1843, elle entame un tour de France afin de diffuser ses idées et d’aller à la rencontre des plus misérables. Epuisée, elle meurt de la typhoïde peu après à Bordeaux, à quarante-et-un ans, chez Elisa Lemonnier. Son petit-fils, Paul Gauguin, né en 1848, peu avant la révolution de juillet ne la rencontre jamais.






Flora Tristan 1803-1844


Tristan Flora, Lettres, Seuil 1980

Tristan Flora, Promenades dans Londres, 1840, in Gallica, BnF et La découverte, 2003

Tristan Flora, Pérégrinations d’une paria, 1838, in Gallica, BnF et Actes Sud, 2004  

Avril Nicole, Brune, Plon 2012

Blanc Eléonore, Biographie de Flora Tristan, 1845, in Gallica, BnF

Bloch-Dano, Flora Tristan La Femme-messie, Grasset, 2001.

Edelman Nicole, Flora Tristan, la paria et le rêveCorrespondance établie par Stéphane Michaud in Clio. Histoire‚ femmes et sociétés, 3 | 1996.

Michaud S., Flora Tristan : La paria et son rêve, Sorbonne nouvelle, 2003

Perrot Michèle, Des femmes rebelles, Ed. Elysad, poche, 2014

Vargas Llosa Mario, El paraiso en la otra esquina, Santillana, 2004, Gallimard, 2003 et en Folio.



    

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